Du plus loin que remonte mes souvenirs d'enfance, je pense avoir toujours été une " chipoteuse ". Je pense que créer quelque chose avec mes petites mains étaient important pour moi. Comme pour conjurer le sort, voir de la " création " à travers mes " cicatrices ". De plus, je réalisais que plus je dessinais plus je m'améliorais et ça me plaisait de voir que les idées que j'avais en tête se concrétisaient de mieux en mieux.
Souvent lorsqu'on me demande comment je fais pour dessiner. Je réponds que je me laisse juste aller. Le dessin et la peinture sont vraiment des moments d'introspection et de lâcher prise. Puisque ce sont des moments solo.
Une parenthèse, un moment de flottement où j’illustre une pensée, un sentiment, un moment ou un souvenir. J'ai d'abord été une dessinatrice par impatience. C'était nécessaire pour moi de voir vite le résultat. Le dessin a un côté instantané qui me convenait gamine. Puis à 11 ans, il y a eu l'appel de la toile. Pour être sincère la peinture à l'huile est une passion de ma sœur au départ. Voyant que je me débrouillait bien en dessin elle et mon papa m'avaient vivement recommandé de me lancer.
Au départ, je n'étais pas très enthousiaste car je trouvais que la peinture c'était pour les vieux. Puisque les cours étaient fort suivis par des seniors. Je me trouvais trop jeune pour passer du temps avec eux. Au décès de mon père, je me suis décidée à m'inscrire.
Photo de Stéphanie Maryniak - Robe " Soph & Tim " Hiver 2017
Toute l'adolescence, j'ai été une peintre du dimanche. J'ai réalisé beaucoup de peintures qui ornent les murs de mes proches voyant leurs mines ravies je leur offrais mes œuvres d'art ;-)
Ce flashback sur mon parcours me rend pas mal nostalgique, je me dis que ça fait trop longtemps que je n'ai plus touché aux pinceaux et je devrais vraiment dès fois un peu plus délaissé les tissus pour réaliser de nouvelles toiles à mettre dans mon nouvel appartement ou chez quelques amis qui ont déjà pris commande depuis un moment...les gars, je ne vous oublie pas, promis !!
On me questionne souvent sur les raisons de mon lancement, quelles sont mes motivations ? Comment j'ai su que je voulais faire de mes passions...mes boulots ?
Photo personnelle
Je suis passée du rêve, à des activités extra-scolaires voyant que je me sentais bien en les faisant je me suis dit pourquoi pas continuer sur ma lancée en étudiant ces matières, validant mes compétences et en obtenant de jolis papiers qui m'aideront à me sentir légitime. Avec mes deux pouces, j'ai toujours eu la hantise de donner des raisons de douter de mes réalisations. Avec mon diplôme de styliste/couturière et un bac en peinture, je me tiens droite lorsque je présente mes travaux et me sens sans cesse stimulée pour me lancer de nouveaux challenges...car je me sens stable bien que constamment dans un certain inconfort que j'ai choisi en étant entrepreneure.
En choisissant d'être à mon propre compte, je voulais créer mon propre inconfort plutôt que le subir et pester. Après l'obtention de mon diplôme en mode, j'ai eu une grosse remise en question. Je me suis demandé si j'aimais réellement cela, la mode. La mode est au départ pour moi une " prise de position" en choisissant quelque chose qui plus jeune a souvent été vu comme une chose de futile. Enfant, j'étais souvent habillée avec des habits de seconde main ou les vêtements de mes grandes sœurs ( comme dans toutes grande famille, je crois ) car chez nous on préférait mettre l'argent dans des choses utiles telles que les voyages, les expos et les activités extra-scolaires...j'en suis très satisfaite, en fait !
En réalisant des vêtements, qui sait je tente de montrer qu'un habit n'a rien de futile lorsqu'on le réalise avec passion, de façon responsable et avec ou pour la personne qui le portera.
J'ai souvent l'impression de matérialiser une idée initiée en solo, en duo ou en groupe...lorsque l'étiquette est posée, la pièce postée, vendue ou livrée en main propre je passe le relais à la cliente ou le client qui la portera.
Quand je parle de mon travail, je vois souvent les yeux de mes interlocuteurs qui pétillent et beaucoup de bienveillance. Je pense que nous sommes un peu dans l'ère de l'entreprenariat. En ce moment, ce mot se retrouve assez régulièrement dans les magazines, conversations et sujets TV alors que sincèrement l'entreprenariat n'est pas qu'une histoire de travailler pour soi, être son propre patron. J'ai plus l'impression qu'être entrepreneur c'est être un couteau suisse et faire en sorte de se rémunérer et s'encourager sans cesse de se jeter à l'eau en limitant les risques avec l'expérience. Photo de Charles Bidard - Commande sur-mesure Zeezafana Music
Photo de Lynn Vanwonterghem
Derrière l'entreprenariat, il y a certaines sucess story super motivantes, il y a des réussites moyennes mais qui sont des réussites tout de même et beaucoup de précarité et de ratés.
Je vais parler de secteur que je connais. A mes débuts, en contactant certaines boutiques, rédactions de magazines...je me suis faite remballer avec ce message récurant " Revenez vers nous dans 2/3 ans, en attendant nous gardons un œil sur vous. " puisque c'est le laps de temps qu'on donne pour " la sélection naturelle professionnelle ". Et c'est après ces 3 ans, que j'ai commencé à être prise au sérieux, à avoir des réponses plus favorables, des invitations à des évènements et des collaborations. Par contre, là où j'ai pêché...c'est que je n'ai pas réussi à suivre la cadence pour répondre à la demande. Pour ce qui est de la peinture, je n'ai jamais réellement concouru pour cet aspect de mon boulot. Je pense que mes peintures étaient fort une extension de moi-même. Mes toiles étaient mes bébés, j'avais peur d'avoir des critiques, des avis trop déstabilisants sur mon coup crayon ou de pinceau.Du coup, j'ai pleins d'idées de dessins et peintures mais je n'ose pas les réaliser par peur de l'échec. Et puis le cercle vicieux c'est que moins tu fais, plus tu as peur de te remettre en action. Je pense qu'il est temps de péter un coup et me dire que je ne joue pas ma vie sur une expo mais comme un défilé, un post sur le blog ...je me fais plaisir et je prends ce qu'il y a prendre.
Mais je ne me sens pas "haut dessus " de la mêlée de m'être fabriquée mes emplois tous les 6 ou 8 mois je me dis que je suis " folle " car entre le rêve de mon enfance et ma réalité de vie...il y a un monde : la maturité, les responsabilités, les factures, les investissements, l’administratif, etc. L'entreprenariat est " désirable " en ce moment car il semble plus simple ( puisque toutes les grosses boites licencient) c'est d'ailleurs pour ça que je me suis lancée à 23 ans. Je me suis dit qu'avec les réseaux sociaux, mes singularités et cette crise de l'emploi...le parcours standard me semblait encore moins " sexy ". Le " Do It Yourself " me paraissait plus abordable que d'envoyer beaucoup de CV pour être peut-être assistante durant des années.
Je me suis dit " Vas-y...à 23 piges, tu es un bébé, tu n'as pas de bébé, alors au pire tu te gamelles personne ne subira ton échec." Je me suis donné 5 ans et nous y sommes.
5 ans plutard et dont 2 ans de pause santé, aucun regrets encore pleins de projets en tête mais ma vision du métier et mes objectifs d'indépendante ont beaucoup mutées. Je me rends compte quand regardant dans le rétroviseur. Ce que je peux apprendre de mes actions...c'est qu'à l'avenir et pour mon corps et mon esprit. Je vais devoir apprendre à déléguer, collaborer, demander de l'aide, investir et ainsi être plus sereine et rentable. Je pense que déléguer, collaborer, demander de l'aide et investir me permettra justement de multiplier les talents bien que j'adore ce que je fais...je pense que certains postes ou activités seraient encore plus porteur si ils étaient menés par d'autres. Photo personnelle - Pull " Divergence " Hiver 2017
Enfin, je pense souvent que cette pause santé est mon électro choc qui me pousse personnellement et professionnellement à écouter ce que j'appelle mon " essence " ce qui compte pour moi tout en étant réaliste sur mes limites. C'est pourquoi cet hiver MULAKOZè ATELIER sera chapeauté par Clarisse et moi. Clarisse est une fantastique couturière avec qui je collaborais en 2015 l'année où je bougeais pas mal par le biais de pop store en Belgique et en France, concours, défilés et marchés créateurs. Quand j'avais trop de stock à réaliser, Clarisse m'épaulait de façon ponctuelle.
Cet été, je termine mes dernières commandes en solo, dès cet automne...nous nous lancerons réellement dans cet atelier à 4 mains. Je serai plutôt responsable de la partie création, promotion de MULAKOZè ATELIER , modélisme & prototypes ( que je compte déléguer dès que les finances nous le permettront). Clarisse sera en charge de la confection , de la coupe directe et franchement, elle va me sauver la vie.
Photographe Inconnu malheureusement - Robe de mariée d'Hélène Juin 2015
Cette nouvelle organisation me permettra d'avoir du temps pour le dessin et la peinture, faire grandir le blog...et puis vous pourrez enfin plus vous habiller en MULAKOZè ATELIER car nous serons plus disponible à la vente et au sur-mesure. J'aurais également besoin d'autres talents mais je reviendrais vers vous en temps et en heure quand ça sera plus clair.
Je vous laisse une nouvelle fois vous remettre de ce pavé...je suis vraiment trop bavarde, c'est hallucinant...heureusement pour votre salut, je ne vous poste qu'un article par semaine OUF !
Et vous, quelles sont vos passions...vous ont-elles mené à vos choix de carrière ?
Belle fin d'après-midi à vous et à très bientôt les chéri.e.s
Marianne
xxx